Les modèles Q-investissement et les modèles d'Euler : relations de banque principale, asymétries informationnelles et modifications des structures financières des firmes de keiretsu financier

Laurent Soulat, Centre d'Économie de la Sorbonne et ESCEM Tours-Poitiers


Résumé. Cet article s'intéresse à l'évolution des structures financières des grandes firmes japonaises cotées à la première section du TSE sur la période 1990-1999. Il s'inscrit dans la continuité de la littérature sur les modèles Q-investissement : il étudie l'évolution de l'impact d'une affiliation à un keiretsu financier sur la sensibilité relative de l'investissement aux cash-flows. Les liens de banque principale étant traditionnellement supposés plus étroits pour les firmes affiliées, ils réduisent la contrainte de liquidité de ces firmes par rapport aux firmes indépendantes. Les résultats obtenus avec les modèles Q-investissements sont comparés à ceux provenant de l'utilisation de modèles Euler-investissement. En opposition avec les résultats la littérature économique établis sur des périodes antérieures, les firmes affiliées (quels que soient les modes de regroupement utilisés) présentent une sensibilité de l'investissement à leur richesse nette interne supérieure à celles des firmes indépendantes. La plus grande dépendance des investissements des firmes affiliées à leur capacité de financement n'est pas due à des évolutions contrastées entre les keiretsu financiers, mais résulte au contraire du degré de proximité de la firme avec le coeur du groupe (mesurée par l'appartenance à un Club des présidents) : les firmes membres des Clubs des présidents sont significativement plus dépendantes de leur richesse nette interne que les firmes affiliées non membres de Club. Ces résultats peuvent signaler que la dépendance bancaire des grandes firmes affiliées a diminué ou que les firmes les plus proches du noyau ont davantage contribuées à palier aux difficultés de leur banque principale.
Mots clés : Finance d'entreprise, structure financière.

Abstract. This article focuses on the evolution of the financial structures of the industrial Japanese firms listed between 1990 and 1999. It belongs to the category of Q-investment models, by studying the impact of the affiliation to a financial keiretsu on investment relative sensitivity to cash-flows. The main bank relationships with the affilated firms are traditionally assumed to the closer, mitigating therefore the liquidity constraint of these firms compared to the independent firms. The outcomes coming from the Q-investment models are compared with those coming from the Euler-investment models. In contrast with the conventional results commonly found by the literature with former periods, affiliated firms (whatever the regrouping method used) display an investment sensitivity to the cash-flows higher than the independent firms. These results are not due to contradictory evolutions between the keiretsu. Nevertheless, the proximity degree of the firm with the group core (measured by the involvement with a president council) affects its liquidity constraint. These results can imply either that the banking dependence of the large affiliated firms decreased, or that the firms closely linked to the core of group have offset a greater share of their main bank losses.
Keywords : Corporate finance, financial structure.

JEL Classification : G30, G32.