Gouvernance de la coopération horizontale entre gestionnaires européens d'infrastructures ferroviaires et interopérabilité

Julia Taddei, MATISSE


Résumé. Notre hypothèse est que bien que la littérature fasse le plus souvent état d'une relation causale partant de la technologie pour déterminer l'organisation, la relation inverse n'en est pas moins vrai et c'est souvent la forme organisationnelle qui détermine la technologie. Ce papier illustre ce point de vue. Son objet est d'identifier les différentes possibilités institutionnelles qui s'offrent aux gestionnaires d'infrastrcture européens pour accroître l'efficacité de leur coopération, et d'évaluer la politique de la commission de Bruxelles sur ce sujet. Le but de cette coopération est d'améliorer drastiquement l'interopérabilité des réseaux ferroviaires européens. Ceci suppose l'élaboration de standards communs tant sur les infrastructures que sur l'infostructure et la création de règles communes de la gestion opérationnelle du trafic au quotidien. Nous comparons trois modes de gouvernance : intégration, contrats et coopération informelle. Pour ce faire, nous utilisons la théorie néo-institutionnaliste et une approche historique reprenant certains résultats de la théorie évolutionniste afin de comprendre l'évolution des réseaux ferroviaires européens caractérisés par des verrouillages à la fois organisationnel et technologiques, et d'important coûts de changement. Nous développons ici le concept de coût de chargement cognitif. Sur le plan empirique notre travail est étayé par des interviews, des études effectuées par des cabinets d'audit, des statistiques publiées par Eurostat, le Commissariat Général au Plan et les réseaux ferroviaires européens, et la lecture quotidienne de la presse spécialisée sur les réseaux ferroviaires.
Mots clés : Coûts de transaction, information privée et asymétrique, marchés vs. hiérarchies, intégration verticale, changement technologique, coûts de changement, verrouillage, politique européenne, économie des réseaux.

Abstract. The aim of this paper is to scope the different institutional possibilities offered to the Europeans infrastructure managers into obtaining the most efficient cooperation between them and evaluate the possible effects of the European commission policy on this topic. The goal of this cooperation is to drastically improve the European railways networks interoperability that include the strategic development of European standards on infrastructure and infostructure, and the operational management of traffic needing at least some commons rules of management. We compare three modes of governance : integration, contracts driven by the European commission, and informal cooperation. We thus use neo-institutionalist approach, an historical approach and some evolutionary results into understanding the evolution of the European railways characterised by both technological and organisational lock-in, and important changing costs. We develop concept of cognitive changing costs. Our empirical work is based on interviews, empirical surveys, Eurostat data and specialised literature reading on railways technologies.
Keywords : Evolutionism, transaction costs, asymmetric and private information, markets vs. hierarchies, horizontal integration, technological change, information technology, lock-in, standards, changing costs, European policy, network economies.

JEL Classification : D23, D82, L22, O33.