Rigidités salariales et chômage : les frontières classiques du programme néo-keynésien était-elles tracées ?
Résumé.
L'objet de cet article est de souligner le caractère restrictif du programme néo-keynésien de recherche des "fondements micro de la
macro" eu égard au projet de Keynes de construire une Théorie générale englobant les cas classiques. Les néo-keynésiens du courant de
la synthèse ont tout d'abord réduit la Théorie générale à une hypothèse de rigidité nominale de salaire. Ils ont ensuite été conduits à
abandonner cette hypothèse de rigidités nominales pour lesquelles ils ne pouvaient trouver de fondements micro-économiques, dès lors que
fut admise l'hypothèse d'anticipations rationnelles. Ils durent alors rallier l'explication d'un chômage néo-keynésien aux propriétés
classiques en termes de rigidités réelles. Ce faisant, ils se sont éloignés de plus en plus du coeur du projet keynésien consistant à
rechercher les fondements macroéconomiques de l'instabilité systémique d'une économie monétaire financiarisée. Ce parcours s'effectua avec
pour toile de fond les trois âges de la courbe de Phillips. La lecture de Samuelson-Solow (1960) est opposée à celle de Friedman (1968).
Cette dernière annonçait l'ère d'une macroéconomie du chômage d'équilibre, une fois entérinée l'hypothèse d'anticipation rationnelle,
adaptée par les néo-keynésiens à un contexte d'information asymétrique.
Abstract.
This article underlines the restrictive perspective of the neo-Keynesian program of "microfoundations of
macroeconomics", compared to the project of Keynes to build a general theory including the classical cases. The
neo-Keynesians first brought the General Theory back to the hypothesis of nominal rigidity of wages. Secondly, they have
rejected this hypothesis which could not be supported by microfoundations when the rational expectations hypothesis
invaded the theoretical field. They did finally join an explanation in terms of real rigidities of a neo-Keynesian
unemployment with classical properties. In so doing, they lost sight of the Keynes project to search macrofoundations of
the systemic instability in a monetary economy. This theoretical evolution followed the three stages of the Phillips
curve. The interpretation of Samuelson and Solow (1960) is opposed to the revision of Friedman (1968). This latter
announced the age of the macroeconomy of equilibrium unemployment, once admitted the rational expectation hypothesis in a
context of imperfect competition.
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