Trappe à chômage ou trappe à pauvreté : quel est le sort des allocataires du RMI ?
Résumé.
A partir des résultats de l'enquête sur le devenir des allocataires du RMI, nous cherchons à évaluer la
pertinence empirique des analyses en termes de trappe à chômage, selon lesquelles les allocataires du RMI
pourraient être, pour des raisons financières désincités à accepter un emploi. La trappe à chômage fonctionne
peu dans le cas des allocataires du RMI. Tout d'abord, les chômeurs au RMI sont très actifs dans leur recherche
d'emploi et refusent rarement un emploi et encore plus rarement pour des raisons financières. Ils sont plus
encore que les autres chômeurs confrontés à une insuffisance de la demande de travail. Ensuite, environ un
tiers des allocataires, ayant (re)pris un emploi, n'y trouvent aucun gain financier significatif. Bien qu'ils
acceptent des emplois sans gain financier (ce sont pour la plupart des emplois à temps partiel, rémunérés au
SMIC horaire), ils en retirent pour la plupart un mieux être, lié à un sentiment d'autonomisation et d'utilité
sociale. Pour partie, ils espèrent aussi pouvoir de cette manière accèder à de meilleurs emplois, ce qui reste
difficile. Le danger, pour les allocataires du RMI, est donc moins la trappe à chômage que la trappe à
pauvreté, parce qu'ils occupent pour la plupart de "mauvais emplois" et restent très souvent confinés
dans un secteur secondaire, sans transition ou presque vers un secteur primaire composé des "bons
emplois".
Abstract.
On the basis of the results of the INSEE survey about beneficiaries of the RMI, we seek to
evaluate the empirical relevance of the analysis in terms of unemployment traps, according to
which the beneficiaries of the RMI couldn't have financial incentives to accept to work.
Unemployment traps don't work very much for the beneficiaries of the RMI. Firstly, the
unemployed beneficiaries are very active in their job search and rarely refuse a job and even
more rarely for financial reasons. They are more confronted with an insufficiency of labour
demand than the other unemployed people. Secondly, nearly a third of the beneficiaries, have
accepted a job without any financial profit. But, for most of them, employment provides a
well-being ; they feel more self-reliant and socially integrated. Maybe, they also hope to
reach later a better job, which in fact remains difficult. The risk for the RMI beneficiaries
is thus more a poverty trap than an unemployment trap. Indeed, they most often have "bad
jobs" and remain confined in a secondary sector, with a very low probability of migration
towards a primary sector composed of "good jobs".
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