Politiques d'emploi et imposition optimale

Antoine d'Autume, EUREQua


Résumé. Nous étudions les liens entre redistribution et emploi en mettant l'accent sur trois politiques typiques, adaptées au contexe français. La hausse du RMI entend assurer un niveau de vie décent aux exclus du marché du travail. La hausse du SMIC tente d'améliorer la situation des travailleurs défavorisés en intervenant directement au niveau de la répartition primaire. L'instauration d'une prime pour l'emploi, subventionne les revenus d'activité et incite ainsi les travailleurs les plus pauvres au retour à l'emploi. Un cadre simple permet de mettre en évidence les dilemmes auxquels se heurtent ces politiques. Nous considérons un modèle à deux qualifications, où les salaires sont déterminés par négociation et où les subventions distribuées sont financées par un impôt proportionnel sur les salaires. Une simulation numérique permet d'évaluer les effets de ces trois politiques sur l'emploi et le bien-être des différentes sortes de travailleurs. La prime pour l'emploi apparaît préférable, notamment parce qu'elle évite les effets négatifs sur l'emploi. Nous adoptons ensuite un point de vue plus général en caractérisant les politiques fiscales optimales. La perspective est celle de Mirrlees (1971) et Stiglitz (1982), que nous adaptons pour tenir compte de la négociation salariale. Nous montrons notamment que les autorités peuvent être amenées à choisir des niveaux de RMI assez bas pour diminuer le pouvoir de négociation des travailleurs non-qualifiés et assurer le plein-emploi.
Mots clés : Politiques d'emploi, fiscalité optimale, redistribution, second rang.

Abstract. We study the relationships between redistributive policies and employment. To this end, we focus on three benchmark policies, borrowed from the recent French experience. An increase in the minimum income, aimed at providing a decent safety net. An increase in the minimum wage, attempting to modify primary distribution in order to increase the welfare of poor workers. The implementation of a negative tax, providing better incentives to work. A simple framework is used to describe the dilemmas faced by these three policies. We consider a model with two skill-levels, where wages are bargained. Subsidies are financed through a proportional wage tax. A simulation of the model provides a quantitative evaluation of the consequences of these policies on employment and welfare. The negative tax is preferable, as it avoids negative effects on employment. Adopting a more general standpoint, we characterize optimal second best policies, in the spirit of Mirrlees (1971) and Stiglitz (1982). We show in particular that the government may have to choose a moderate level of minimum income in order to decrease the market power of low-skilled workers and ensure full-employment.
Keywords : Employment policies, optimal taxation, redistributive policies, second best.

JEL Classification : J50, J38, I3, H21.