Politiques d'emploi et imposition optimale
Résumé.
Nous étudions les liens entre redistribution et emploi en mettant l'accent sur trois politiques
typiques, adaptées au contexe français. La hausse du RMI entend assurer un niveau de vie décent aux
exclus du marché du travail. La hausse du SMIC tente d'améliorer la situation des travailleurs
défavorisés en intervenant directement au niveau de la répartition primaire. L'instauration d'une
prime pour l'emploi, subventionne les revenus d'activité et incite ainsi les travailleurs les plus
pauvres au retour à l'emploi. Un cadre simple permet de mettre en évidence les dilemmes auxquels se
heurtent ces politiques. Nous considérons un modèle à deux qualifications, où les salaires sont
déterminés par négociation et où les subventions distribuées sont financées par un impôt proportionnel
sur les salaires. Une simulation numérique permet d'évaluer les effets de ces trois politiques sur
l'emploi et le bien-être des différentes sortes de travailleurs. La prime pour l'emploi apparaît
préférable, notamment parce qu'elle évite les effets négatifs sur l'emploi. Nous adoptons ensuite un
point de vue plus général en caractérisant les politiques fiscales optimales. La perspective est celle
de Mirrlees (1971) et Stiglitz (1982), que nous adaptons pour tenir compte de la négociation
salariale. Nous montrons notamment que les autorités peuvent être amenées à choisir des niveaux de RMI
assez bas pour diminuer le pouvoir de négociation des travailleurs non-qualifiés et assurer le
plein-emploi.
Abstract.
We study the relationships between redistributive policies and employment. To this end, we
focus on three benchmark policies, borrowed from the recent French experience. An increase
in the minimum income, aimed at providing a decent safety net. An increase in the minimum
wage, attempting to modify primary distribution in order to increase the welfare of poor
workers. The implementation of a negative tax, providing better incentives to work. A
simple framework is used to describe the dilemmas faced by these three policies. We
consider a model with two skill-levels, where wages are bargained. Subsidies are financed
through a proportional wage tax. A simulation of the model provides a quantitative
evaluation of the consequences of these policies on employment and welfare. The negative
tax is preferable, as it avoids negative effects on employment. Adopting a more general
standpoint, we characterize optimal second best policies, in the spirit of Mirrlees (1971)
and Stiglitz (1982). We show in particular that the government may have to choose a
moderate level of minimum income in order to decrease the market power of low-skilled
workers and ensure full-employment.
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