La formation sur le tas par diffusion du savoir : estimations sur données marocaines, mauriciennes et tunisiennes

Christophe Nordman, TEAM


Résumé. Cette étude teste sur des échantillons d'employés d'entreprises marocaines, mauriciennes et tunisiennes un modèle améliorant sensiblement la compréhension des processus d'apprentissage en entreprise (Lévy-Garboua, 1994). La formation sur le tas fait l'objet d'une analyse grâce à une estimation du "learning by watching", identifié comme l'une des composantes essentielles de l'apprentissage informel. Le modèle de formation sur le tas permet d'estimer les rythmes de diffusion du savoir dans les entreprises ainsi que leur potentiel formateur par rapport au savoir des nouveaux entrants. Les estimations mettent en évidence les effets externes sur les gains du capital humain des travailleurs (variables moyennes de capital humain, écarts d'éducation et d'expérience) et aussi de la formation formelle reçue dans l'entreprise. Les résultats résument assez bien l'idée que l'on peut se faire d'une entreprise cloisonnée où les employés ne peuvent que très peu profiter d'échanges particuliers de savoir-faire : les entreprises marocaines semblent avoir choisi d'employer des jeunes qualifiés au détriment d'une amélioration des conditions de travail stimulatrice de la diffusion du savoir ; au contraire, les entreprises mauriciennes paraissent préférer la voie de la formation sur le tas des employés, celle-ci s'effectuant, semble-t-il, essentiellement par diffusion informelle du savoir entre les travailleurs ; les entreprises tunisiennes témoigneraient de la possibilité de l'existence d'une externalité positive des qualifiés sur les non qualifiés dopant les effets de diffusion du savoir dans l'entreprise.
Mots clés : Capital humain, salaires, fonctions de gains, formation sur le tas, diffusion du savoir, effet externe de l'entreprise, île Maurice, Maroc, Tunisie.

Abstract. This study tests a model (Lévy-Garboua, 1994) which improves significantly the understanding of learning effects within the firm on three samples of employees issued from Moroccan, Mauritian and Tunisian compagnies. On-the-job training is explained by a "learning by watching" process, identified as one of the major component of informal apprenticeship. The model of diffusion of knowledge suggests knowledge diffusion rates in the firms and their training potential relative to the knowledge of new entrants. The estimations also highlight external effects of human capital on wages (mean variables of education and on-the-job experience, gaps of education and experience). The results sum up quite well the idea of a compartmentalized firm where employees could poorly benefit from particular exchanges of know-how : Moroccan companies seem to have chosen employment of young skilled workers rather than establishing an organization of the work set-up which could stimulate the diffusion of knowledge. On the contrary, Mauritian firms appear to favor on-the-job training which seems achieved essentially by informal diffusion of knowledge between workers. The Tunisian case is consistent with a positive externality of skilled workers on unskilled workers stimulating diffusion of knowledge effects within the firm.
Keywords : Human capital, wages, earnings functions, on-the-job training, diffusion of knowledge, external effect of the firm, Maritius, Morocco, Tunisia.

JEL Classification : J24, J31, O12.