Liquidation ou redressement des entreprises : décision de la banque et impact sur la probabilité de faillite

Catherine Refait, TEAM


Résumé. Le comportement des banques est souvent évoqué pour expliquer le nombre important de faillites d'entreprises en France. L'objet de cet article est de trouver des éléments explicatifs de l'attitude bancaire au sein de divers courants de la littérature économique. Différents modèles sont ainsi relus à la lumière de deux questions : Quand la banque décide-t-elle de soutenir son client ? Quelle est l'influence de son attitude sur la probabilité de faillite ? Nous analysons d'abord la littérature spécifiquement consacrée à la résolution des crises d'illiquidité (Van Horne 1976, Guigou 1995). La décision de la banque est dans ce cadre uniquement fonction de la valeur actualisée de sa créance, donc des potentialités de redressement de la firme. Elle n'influence pas le risque de défaut qui est ici exogène. Les littératures relatives aux relations de crédits et à la théorie des contrats (Diamond 1984, Webb 1992) nous permettent ensuite d'appréhender la nécessité d'une politique de mise en liquidation stricte pour endiguer le hasard moral lorsque l'information est asymétrique. Le risque de défaut peut alors être réduit. La spécificité des banques, mise en avant par la théorie bancaire, peut cependant rendre optimale une renégociation des contrats en cas de défaut de l'entreprise (Bester 1994), même si son impact sur le comportement futur du débiteur ne doit pas être omis (Gorton et Khan 1993).
Mots clés : Faillite d'entreprises, relation banque-entreprise, asymétrie d'information, aléa moral.

Abstract. Banks are often regarded as responsible on the increasing number of corporate bankruptcies in France. How to explain their choice between contract termination and financial support when a debtor defaults ? Does this policy influence debtor's default risk ? Clues to bank's behaviour may be found in several literatures. First, models describing the resolution of financial crisis are presented (Van Horne 1976, Guigou 1995). Default risk is exogenous ; banks maximise the discounted value of their claim and they only consider the expected profits of the firm. However, contract theory and banking theory analyse contract termination as a necessary incentive mechanism when information is asymmetric (Diamond 1984, Webb 1992). This mechanism may reduce default risk. Contract renegotiation can although be optimal (Bester 1994), even if an influence on debtor's behaviour can be created (Gorton et Khan 1993).
Keywords : Corporate bankruptcy, loan contract, asymmetric information, moral hazard.

JEL Classification : G33, G21, G24, D82.